lundi 26 septembre 2011

Mirena et moi

Comme la plupart des femmes, être prise avec la responsabilité de la contraception peut être tout un fardeau. Dans ma jeunesse, j'ai longtemps pris la pilule, mais après une tentative à vouloir la recommencer suite à un arrêt de plusieurs années où j'étais célibataire, je me suis rendue compte que les hormones me donnaient plusieurs effets secondaires. Mais face à une nouvelle relation sérieuse, ce fardeau de me protéger des grossesses revenait à la surface. C'est à ce moment que j'ai découvert Mirena. On disait alors que c'était un moyen révolutionnaire, pratiquement sans effets secondaires, que l'hormone d'action (le levonorgestrel) "restait" au niveau des organes reproducteurs et n'avait pas d'impact sur le reste du corps, que c'était un moyen très économique (75$ si on est sur la RAMQ), que l'on était pas obligée d'avoir eu de grossesses pour l'installer (alors que c'était recommandé pour le stérilet de cuivre) et qu'il pouvait durer jusqu'à cinq ans. On disait aussi, oh délivrance, que l'on pouvait être libre des menstruations! Imaginez... Sérieusement, comment une jeune femme moindrement active sexuellement ne voulant pas procréer tout de suite pouvait réellement refuser? Moi, j'ai été charmée. Nous étions en juillet 2004.

L'installation s'était bien passée. J'avais eu quelques crampes pendant la première semaine, adaptation de mon utérus le médecin m'avait dit lors de ma visite en me disant que c'était normal. J'avais également eu des saignements qui ont duré quelques semaines. Du "spotting" et une menstruation régulière. Puis, après plus rien. Plus de maux de ventre, plus de menstruation. Une nouvelle vie se dessinait devant moi... Et quelle vie!

En mars 2005, je suis tombée en dépression. Une dépression très sévère qui m'a valu un arrêt de travail de six mois. Ayant eu un parcours de vie assez cahotteux, je me disais que cette dépression était l'aboutissement de toutes ces gouttes d'eau qui finissent par faire déborder le vase. Grâce à mes proches, j'ai trouvé la force d'aller chercher de l'aide. Un médecin m'a prescrit du citalopram (un anti-dépresseur) et j'ai été en thérapie.

Cette dépression, qui m'enlevait carrément le goût de vivre car j'avais des idées suicidaires et j'ai eu des scéances d'auto-mutilation, me rendait difficile à vivre. Je pleurais toutes les larmes de mon corps pratiquement jour et nuit, j'avais trouvé du réconfort dans l'alcool (dont j'abusais allégrement), j'avais des rages de colère, j'avais pris du poids (20lbs) et mon goût pour les rapprochements envers mon amoureux avait littéralement sacré le camps autre que pour les caresses pour me calmer dans mes moment de crises.

En février 2006, j'avais commencé à ressentir des douleurs au ventre comme lors de la semaine qui avait suivi l'insertion de Mirena. Ne voulant prendre aucune chance, j'avais décidé de le faire retirer. Je ne voulais pas le garder plus longtemps par peur qu'il se soit déplacé et perfore mon utérus. De toutes façons, les relations sexuelles étaient rares à cause de mon état dépressif et je me disais que je n'avais pas besoin d'un trouble de plus dans ma vie. Je voulais d'abord me concentrer sur le regain de ma bonne humeur avant de penser à ma sexualité et ce, même si cela avait des répercussions sur mon couple. Mon amoureux était très compréhensif et me supportait énormément malgré la peine qu'il éprouvait à être régulièrement repoussé.

Je ne me souviens plus quand exactement, mais c'était à l'été qui a suivi que j'avais senti que j'allais réellement mieux. J'allais tellement mieux que j'ai fini par diminuer mes doses d'anti-dépresseurs pour finir par ne plus en prendre et ne ressentir aucune rechute de dépression. Malgré certaines embuches que la vie m'amenait (manque de travail et d'argent, déménagement, retour aux études), je supportais le tout très bien et ma relation avec l'amour de ma vie était revenue à un point où tout était pratiquement comme avant. J'avais même perdu le poids gagné et retrouvé ma libido! Hourra!

En février 2008, j'avais appris que j'étais enceinte. La méthode de contraception alors là utilisée (condom et ce, même si j'en suis intolérante à l'occasion) avait cédé. Étant trop jeunes pour faire face à une telle responsabilité, nous avions décidé que j'allais me faire avorter. Ce genre de décision n'est jamais facile à prendre, mais mon copain avait réellement été une perle avec moi. L'avortement en soi avait été un moment très douloureux et assez traumatisant, mais l'amour et le support que je recevais m'avait énormément aidé à passer à travers cette épreuve. Cependant, bien que le tout s'était réellement bien passé, je n'avais pas envie de revivre ça. Je savais que le condom, bien que très efficace, n'était pas la meilleure méthode pour éviter les grossesses. Suite à une discussion de couple, nous avions convenu de donner à Mirena une deuxième chance. L'installation avait eu lieu à la fin de ce mois.

De nouveaux évènements étaient venus chambarder un peu ma vie, mais encore là rien de dramatique. Par contre, sur le coup, semblerait que c'était assez dramatique pour que je me tape une seconde dépression en novembre de la même année. Heureusement, je reconnaissais les signes alors j'étais allée consulter plus tôt. J'avais quand même dû retourner sur les médicaments et en thérapie, mais cette fois-ci avec un psychiatre (et non un thérapeute comme la première fois). Avec la lenteur du système de santé que l'on a au Québec, j'avais commencé ma thérapie seulement en janvier 2010. Oui, un an et demi plus tard. C'est quand même une bonne chose que les anti-dépresseurs avaient réussi à calmer mes crises de colère, d'angoisse et de pleure parce que je ne suis pas certaine que le copain aurait enduré ça très longtemps et avec raison. Malgré ce gèle des émotions, certains trucs ne revenaient pas à la normale. Ma libido avait une fois de plus disparue et le gain de poids était de retour (encore une fois une vingtaine de livres). J'attribuais le tout aux anti-dépresseurs car, il est commun que ce type de médicament coupe l'envie sexuelle et fait gagner du poids. Encore une fois, mon amoureux fût d'une patience exemplaire et d'un support à faire rêver toutes les jeunes femmes qui rêvent d'un prince charmant. Il était réellement miraculeux avec moi.

Avec la thérapie assistée d'un psychiatre et les médicaments, j'avais fini par remonter à la surface. Le travail sur moi-même afin de m'améliorer en tant que personne a toujours été important alors je faisais ce que je devais faire. J'avais même décidé de perdre du poids, mais c'était extrêmement difficile. Avec le plus sévère des régimes, j'arrivais à peine à perdre une livre par semaine. C'est décourageant lorsque tu es affamée en permanence.

En mai de cette année (2011), je me sentais prête à diminuer mes doses et finalement mettre un terme aux anti-dépresseurs. Par contre, cette fois-ci n'a pas tournée comme la première fois. À peine deux semaines après l'arrêt complet, j'avais commencé à avoir à nouveau des crises de colère assez intense, à n'avoir aucune patience pour rien et à me sentir comme de la merde. Les gens autour de moi commençaient à remarquer mon manque d'entrain. Avec le copain, malgré l'arrêt des anti-dépresseurs, la libido ne revenait pas (je dois spécifier ici que depuis tout à l'heure je dis que je n'avais pas de libido, mais je faisais tout de même mon possible pour satisfaire mon homme... Je reconnais l'importance de la sexualité). Je tentais toujours de perdre du poids et bien que je réussissais à perdre quelques livres de temps en temps, je les regagnais aussitôt. Mon amoureux me suggérait de retourner sur les anti-dépresseurs, mais je lui disais constamment que je n'étais pas déprimée... Il se passait autre chose en moi.

Et j'avais raison. Je ne sais pas trop pour quelle raison (peut-être avais-je lu ça quelque part), j'avais l'impression que si ma libido ne revenait pas après l'arrêt des anti-dépresseurs (et malgré une période d'adaptation de plusieurs mois), il y avait problème et que peut-être que ce problème pouvait être relié à Mirena. Après tout, si je n'avais plus de menstruations depuis tout ce temps, les hormones devaient bien m'affecter assez gravement. Ce constat, je l'ai fait il y a deux semaines.

Je me suis donc mis à chercher sur le net. Et les découvertes que j'ai fait. Oh mon Dieu...

J'ai découvert que les deux dépressions que j'ai fait pourraient très bien être directement liées à Mirena (si on calcule, la première a été 8 mois et la deuxième 9 mois après l'installation). Ces dépressions ont engendré leur lot de misère, m'ont fait prendre des médicaments que j'aurais pu éviter de prendre, m'ont fait vivre des trucs que j'aurais pu me passer et dont mes proches auraient pu se passer aussi. J'ai aussi découvert que mes crises de colère pouvaient être liées à cette hormone qu'est le levonorgestrel de même que ma prise de poids (au cours de la suite des deux installations, j'ai gagné environ le même nombre de livres sans être réellement capable de les perdre). J'ai appris que ma baisse (voire la non-existence) de ma libido était un effet secondaire très répandu de Mirena (ma libido était revenue après ma première dépression, mais quand on regarde ça, je n'avais plus Mirena non plus, donc nous avons ici un lien). Et après réflexion, remise en question, retour vers le passé, j'ai compris que d'autres effets pouvaient avoir rapport avec ce stérilet comme la ballonnement continuel, la constipation chronique, avoir l'impression d'avoir constamment un voile devant les yeux (comme si quelque chose me séparait du monde), la fatigue perpétuelle, la perte de mémoire (quelque chose qui commençait réellement à me faire peur depuis environ un an tellement c'est rendu flagrant) pour ne nommer que ceux-ci.

J'ai lu des centaines et des centaines de témoignages sur internet pour la plupart sur des sites anglophones (voir les liens sur la barre à gauche de l'écran pour quelques exemples) mais aussi sur des sites francophones. J'avais le goût de pleurer. En fait, j'ai pleuré. Plusieurs fois même. Toutes ces années littéralement gâchées alors que tout ça aurait pu être évité. Toutes ces années gâchées alors qu'on ne m'avait pas averti des conséquences d'un tel moyen de contraception. Toutes ces années à faire subir à mon amoureux et mes proches le désastre d'une personne qui n'était plus ce qu'ils avaient connus. Mais j'ai aussi pleuré de joie. Oui, je comprenais enfin ce qui m'arrivait. Près de 4 ans après la deuxième installation, je comprenais que ce qui m'arrivait était lié à Mirena. Et je comprenais que je n'étais pas seule à vivre ce problème. Des centaines de femmes ont livré leur témoignages. Toutes ces femmes n'étaient tout de même pas des exceptions! Toutes ces femmes ne pouvaient pas être folles et halluciner leurs symptômes!

J'ai pris rendez-vous à la clinique de planning qui a inséré mon Mirena et j'ai un rendez-vous dans deux semaines.

Avec ce blog, j'ai décidé de partager mon expérience. J'ai trop peu vue de sites francophones (mis à part pour certains forums) parler de ce problème. En partageant mon expérience au fur et à mesure, j'espère pouvoir aider certaines femmes comme celles qui ont livré leur témoignages avant moi m'ont aidé sans le savoir.

Cette entrée fût l'histoire du avant. Je la mettrai en lien dans la colonne de gauche afin que les nouveaux visiteurs (que ce soit des femmes concernées ou des hommes voulant en apprendre plus) puissent lire mon expérience à savoir où elle a commencé.

Étant donné que la guérison post-Mirena peut être longue, j'ai l'intention de continuer d'écrire régulièrement sur comment je vais suite au retrait, mais aussi sur d'autres informations que je pourrais trouver et dont le partage sera crucial pour moi. Ce blog ne durera probablement pas de façon éternelle. Un jour, je l'espère, j'aurai retrouvé mon ancien-moi et je pourrai laisser toute cette histoire derrière moi afin de vivre une vie libre et heureuse. Ce blog restera tout de même sur internet afin de servir de référence aux autres femmes qui se sentiront comme je me sentais jusqu'à il y a deux semaines à peine: perdue et sans ressources. Oui, car ne vous fiez pas aux médecins pour vous croire...

Libérée (enfin, presque)

3 commentaires:

  1. Tu n'es vraiment pas seule ... je me suis fais poser Mirena et 6 mois plus tard je perdais mes cheveux de façon anormal. Je l'ai fais retirer il y a de cela 5 mois et je ne vois pas encore la lumière au bout du tunnel. J'espère tellement que mes cheveux repousseront. Comme toi j'ai eu une dépression et ma libido était à zéro. Mais pour ça, ça recommence à revenir à la normal. Seulement les cheveux qui me font terriblement peur.

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  2. C'est incroyable! J'ai eu un diagnostic de crise de panique et symptômes dépressifs il y a deux mois, mais ca fais plus d'un an que je souffrais beaucoup de ces états d'angoisses permanent... En discutant avec mon médecin il y a a peine une heure, elle m'a fortement suggèré d'aller faire retirer mon stérilet Mirena... En y repensant bien, c'est peu après la pose de mon stérilet que mon état a dégringoler...

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  3. Merci !
    Ton histoire m'aide beaucoup!
    J'ai finalement fait le lien moi aussi sur mes symptômes et le mirena.
    J'ai tellement chercher ce que je pouvais avoir, ce qui causait mes symptômes!

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